vendredi 27 février 2009

Souvenirs…






On a tous des souvenirs qui nous collent à la peau, qui ne nous quitte pas qu’on le veuille ou non. Je ne fais pas exception à la règle comme vous pouvez vous en douter. Et le véritable problème avec les souvenirs, c’est qu’ils se rappellent à vous au moment ou vous l’attendez le moins, ils vous envahissent et vous ne pouvez malheureusement pas lutter contre votre propre mémoire…

Ces derniers jours, une personne s’impose à mon esprit à tout moment de la journée : quand je me lève le matin, quand je cuisine, quand je plie mon linge, et même dans mes rêves. La raison ne m’est pas inconnue : une amie vit la même situation que moi il y a quelques années. Enfin, pas tout à fait car notre entourage familial est très différent et donc nos « obligations » aussi.

N’allez pas croire que je lui en veux, car ce n’est pas du tout le cas. Je la comprends, j’essaie de la soutenir comme je peux même si je me sens souvent maladroite. Voyez-vous, on ne peut pas comparer une histoire à une autre, car chacun est différent. J’ai peut être l’impression de comprendre alors qu’en réalité je suis complètement à côté de la plaque.

Alors aujourd’hui, je vais me concentrer sur mon histoire et je vais vous parler de « lui », de cet homme qui a marqué ma vie de par sa simplicité et de par son amour. Je ne sais pas encore si je serai capable d’être claire, mais je vais essayer… Je ne suis pas catholique, je ne crois pas à la vie après la mort, mais ces mots sont pour toi Papi et tu les entendras, car tu es dans mon cœur pour toujours.


Mes plus vieux souvenirs de toi, je crois que je les ai créés de toute pièce à partir de nos albums photos. Je me revois dans tes bras, à peine âgée de quelques mois. Pas un bruit, pas une parole, mais quelque chose entre nous d’indéfinissable, une complicité silencieuse que nous seuls pouvions comprendre.

Plus tard, mes souvenirs deviennent réels. Je te revois à ton bureau, devant ton livre ou tes mots croisés, le chien sur tes genoux. Voilà quelque chose qu’on ne peut pas dissocier : toi et tes chiens. Ils se sont succédés avec les années, et toi tu étais toujours là avec cet amour qui te caractérisais. Je l’avoue, parfois tu me rendais folle : quand nous sortions pour promener le chien, c’est toi qui te laissais promener et qui répondais à tous les caprices de tes « enfants » comme tu les appelais.

Et la cuisine. Tu passais un temps fou à mitonner tous tes petits plats, prêtant attention au moindre ingrédient et suivant à la lettre la recette que tu tenais de ta mère ou de ta grand-mère. Et le plus drôle, c’était à table : ce petit plat que tu avais cuisiné avec tant de soin, tu y rajoutais de l’huile à pizza extra forte ou de l’harissa. Une dose si forte que le plat ne devais pus avoir goût que de piment, mais tu ne pouvais manger que relevé comme tu disais, à cause de tes origines Pied Noir.

Je te revois aussi dans ton jardin, faisant tes semis de tomates et autres légumes, puis les plantant avec soin et méthode, mesurant l’espace entre chaque pied pour être sur qu’ils auraient la place nécessaire pour bien grandir. J’en ai passé des heures dans ce jardin avec toi, pas toujours à t’aider selon l’âge que j’avais, mais toujours à partager ces petits instants simples avec toi, à manger les tomates cerises sur le pied, ou les abricots au fond de ce jardin tout en longueur…

Et puis il y a eu l’âge, la vieillesse, la maladie et l’obligation de te confier à une maison spécialisée. Le déchirement, la tristesse, la culpabilité de ne pas aller te voir. Je n’ai jamais pu t’expliquer que je ne me sentais pas la force de te voir dans cet état de faiblesse, avec ta mémoire qui avait décidé de régresser et d’effacer toutes ces années en France. Non, je ne voulais pas me souvenir de toi ainsi, mais garder des images joyeuses en mémoire.

Pour moi, tu resteras toujours cet homme doux, incapable de dire un mot plus haut que l’autre, toujours à l’écoute de mes histoires d’enfant ou de jeune fille. J’aurai aimé que tu connaisses celui qui partage ma vie aujourd’hui, il t’aurait plu j’en suis certaine. Mais tu es parti quelques semaines avant qu’il entre dans ma vie. Je lui ai parlé de toi, un peu, mais c’est si difficile parfois.

Mais je sais que ces quelques lignes, il les lira, alors peut être qu’il te connaîtra un peu mieux. En tout cas, tous ceux qui liront ceci sauront que tu me manques et que je t’aime. On ne peut pas lutter contre le temps, on ne peut vivre pour toujours, je le sais et je l’accepte. Mais nous, nous qui restons, nous ne pouvons pas non plus oublier… Et je ne t’oublierai jamais Papi… Jamais.


D’ailleurs, je vais certainement planter quelques plants de tomate dans ma courette… J’espère que je saurai en prendre soin aussi bien que toi…

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